Betty Boop, de « poo poo pee doo » à #metoo
Un documentaire drôle et pédagogique consacré à la célèbre pinup animée des Studios Fleischer
ARTE
VENDREDI 27-22 H 20
DOCUMENTAIRE
P
inup mythique et femme
émancipée. Depuis ses premières
apparitions dans
des dessins animés en 1930, grâce
au talent de pionniers, les frères
Fleischer (Max et Dave), jusqu’à la
« une » du New Yorker le 27 novembre
2017 en plein scandale
Harvey Weinstein, Betty Boop est
toujours pimpante et iconique.
La garçonne sexy, désirée par les
hommes et admirée par les femmes,
combattait déjà les harceleurs
dans les années 1930. Elle
donnait, à travers ses aventures,
une image de femme active et indépendante.
Ce documentaire à
la fois drôle et pédagogique, adoptant
une réjouissante tonalité fé
ministe, dresse aussi, à travers
Betty Boop, une histoire de l’Amé
rique et des rapports entre hommes
et femmes.
En donnant la parole à des créateurs
inspirés par ce personnage,
comme les stylistes Chantal
Thomas et JeanCharles de
Castelbajac, le réalisateur Steve
Moore ou la productrice Lili Zanuck,
et en adoptant un montage
dynamique mêlant extraits de
dessins animés, témoignages et
mises en perspective, ce documentaire
rend un bel hommage à
la pétillante Betty, à son amour du
jazz et de la bringue.
« Personnage militant »
Betty Boop vit seule, entourée
d’hommes qui veulent la possé
der. Ce personnage de femme libre
collant parfaitement à l’époque
rencontre un succès fulgurant
dès 1930, en se heurtant, à partir
de 1934, aux puritains scandalisés
par son comportement et à la très
influente et catholique Ligue pour
la vertu. « Le personnage de Betty
Boop incarne la féminité, la modernité.
Elle a été pensée comme un
personnage militant », résume
JeanCharles de Castelbajac.
Si août 1939 marque déjà la fin de
ses aventures, après une centaine
de films mis à l’écran par les Studios
Fleischer, son aura ne va pas
disparaître pour autant. Cette
reine du merchandising, célébrée
au Japon, devient l’égérie de grandes
marques. Celle qui s’était distinguée
dès 1933 dans un dessin
animé en repoussant les avances
d’un harceleur sur son lieu de travail
reviendra sur le devant de la
scène avec la fameuse « une » du
New Yorker : l’illustration signée
Barry Blitt montre un minuscule
Harvey Weinstein, de dos, ouvrant
son peignoir devant une immense
Betty Boop dégoûtée et perplexe.
Quatrevingtdix ans après, cette
femme libre a encore du travail.
alain constant
Betty Boop for Ever, de Claire
Duguet (Fr., 2 020, 52 min).
In LE MONDE 27.03.2020
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